(...) Le pire, c’est que l’évolution va dans le mauvais sens, note Frank Vandenbroucke. ’C’est d’autant plus décevant que la Belgique est réputée avoir une longue tradition sociale.’
Il y a en Belgique, plus que presque partout en Europe, beaucoup d’enfants vivant avec des adultes peu actifs sur le marché du travail. Un signe que les emplois sont mal répartis. Surtout en Wallonie.
’Je ne veux pas stigmatiser le gouvernement wallon, poursuit Frank Vandenbroucke. Je crois qu’avec la dynamisation du Forem et avec le plan Marshall, des efforts importants sont fournis. Mais il y a des phénomènes structurels qui limitent les effets de ces efforts sur la lutte contre la pauvreté. Ce qu’il faut faire si on veut réduire la dualisation du marché du travail wallon, c’est comprendre ces problèmes structurels.’
Autre constat : les familles qui ont peu de liens avec le marché du travail sont aussi, en Belgique, comparativement avec des pays au niveau de protection sociale semblable, plus pauvres. A contrario, le risque de pauvreté dans les familles très actives sur le marché du travail est plus bas qu’ailleurs en Europe. Les mécanismes de redistribution des revenus et la protection sociale semblent donc moins efficaces que dans beaucoup de pays européens.
’C’est la combinaison de ces deux facteurs, à savoir le fait que proportionnellement beaucoup d’enfants vivent dans des ménages peu actifs sur le marché du travail et le fait que le risque de pauvreté est très élevé dans ces ménages-là, qui explique qu’un enfant sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté en Wallonie’, professe Frank Vandenbroucke.
La Wallonie est très polarisée. Si on compare le Brabant wallon et le Hainaut, on le comprend bien’.
Mais le professeur Vandenbroucke souligne que la Flandre ’est moins performante qu’elle le croit’. Et cela pourrait aller croissant parce que la tendance est mauvaise dans les nouvelles générations. (...)
Pour Frank Vandenbroucke, les recettes classiques prônées pour enrayer la pauvreté, notamment la hausse des allocations sociales ou le relèvement du revenu minimum, ne suffiront pas.
Quelles solutions alors ? D’une part, poursuivre la politique d’activation du chômage puisque le faible lien à l’emploi est un facteur de pauvreté. De l’autre, jouer sur des compensations liées aux coûts d’un ménage.
’Cela suppose une réflexion sur les allocations familiales, le coût de l’enseignement, l’accueil des enfants, les subventions pour le loyer, etc. On ne fera pas des miracles. Mais on peut améliorer la situation.’
La lutte contre la pauvreté en Belgique est ’médiocre’. VINCENT ROCOUR, publié le mercredi 20 novembre 2013 dans LLB
http://www.lalibre.be/actu/belgique/un-jeune-wallon-sur-4-est-pauvre-528c7cc13570386f7f2fe3d8