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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Pour qui roule "Tout Autre Chose" ?
Une opinion de Henri Goldman
Article mis en ligne le 25 mai 2016
dernière modification le 2 mars 2017

Henri goldman est rédacteur en chef de la revue "Politique" [1]

Extraits d’une contribution Publiée dans La Libre le mercredi 08 avril 2015

Ecrit il y a plus d’un an, cette réflexion porte un regard quelque peu décalé (mais bien d’actualité) sur ce qui se passe aujourd’hui, où on parle surtout de "Nuit debout"...

Dans le fond comme dans la forme, elle a mal vieilli, cette culture de la protestation sociale avec ses manifestations viriles, ses poings levés et sa rhétorique consumériste du pouvoir d’achat… Mais comment dépasser le fourre-tout de "il y a des alternatives" ?

La lutte contre l’austérité est, au minimum, européenne. Son pire poison est la concurrence des territoires, où chaque Etat, voire chaque région, cherche à diminuer ses coûts de production au nom de la compétitivité… tandis que le voisin fait exactement la même chose, alimentant une spirale sans fin.

Ce discours "anti-austérité" n’est pas neuf. Etayé par de nombreux experts au-dessus de tout soupçon, il est aussi tenu peu ou prou par les organisations syndicales. En bonne logique, il devrait rallier une majorité de la population, confrontée à la fois à l’inefficacité de cette nouvelle doxa européenne et à la hausse vertigineuse des inégalités sociales au seul profit des détenteurs de capitaux. Et pourtant, il ne passe pas dans la population. Dans tous les pays européens (à l’exception de la Grèce et de l’Espagne), les élections confirment le recul de la gauche politique au profit à la fois de la droite libérale et d’un populisme à relents racistes qui capte un vote populaire en déshérence. Mais le principal vainqueur des derniers scrutins, c’est l’abstention. Manifestement, l’offre politique ne rencontre pas les aspirations populaires, qui se cherchent de nouvelles formes d’expression.

Cette désaffection n’épargne pas les organisations syndicales. (...) Certaines initiatives syndicales perçues comme corporatistes ne rencontrent pas l’adhésion collective. Tant à la FGTB qu’à la CSC, on est désormais conscient de la nécessité vitale d’un "front social" élargi de résistance à l’austérité. Pas facile.
(...) Il faut réinventer "tout autre chose".

"Tout autre chose", en effet. Dans le fond comme dans la forme. Une certaine culture de la protestation sociale a vieilli. Les manifestations viriles, le vocabulaire guerrier, les poings levés, la pauvreté sémantique (drapeaux, calicots, casquettes…), la sous-représentation des femmes, des jeunes et des personnes d’origine étrangère dans les figures mises en avant ne dessinent pas une alternative désirable. L’affirmation d’une identité "de gauche" de plus en plus creuse ne rallie pas une jeunesse qui ne se fie plus aux étiquettes. La rhétorique du pouvoir d’achat, qui alimente un imaginaire consumériste, ne rejoint pas les exigences d’un modèle économique alternatif et d’une prospérité sans croissance basée sur le partage de biens communs et le développement d’une économie horizontale échappant à la fois au marché et à l’Etat. Enfin, la gauche traditionnelle, qu’elle soit politique ou sociale, n’accorde pas assez d’importance aux "luttes de reconnaissance" des femmes et des minorités ethnoculturelles, d’où leur faible présence dans le débat public.

"Hard boven Hard" et "Tout autre chose" auront-ils un avenir ou ne sont-ils que feu de paille ? Réussiront-ils à s’enraciner sur le terrain ? Après la "Grande Parade", arriveront-ils à dépasser l’affirmation fourre-tout que "il y a des alternatives" pour proposer des contenus dans l’esprit de leurs balises fondatrices qui brassent large ?
Seule certitude : pour ceux et celles qui croient encore qu’"un autre monde est possible", changer le logiciel de l’alternative est indispensable. Comme en Grèce, avec Syriza, ou en Espagne, avec Podemos. Mais "à la belge"…

L’édition mars-avril 2015 de la revue "Politique" a présenté un dossier spécial sur les "Mouvements sociaux : un modèle belge ?" posant la question du militantisme.
http://politique.eu.org