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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

L’art qui transforme la vie des enfants
Article mis en ligne le 14 août 2018

En Colombie, la période post-guerre est difficile. S’exprimer à travers l’art peut aider les jeunes à se reconstruire et à redonner un second souffle à leur vie malgré un contexte difficile.

Christine Meert, Co-fondatrice de l’ASBL Proyectarte à Medelinn en Colombie, une ASBL qui a pour mission de donner un appui psycho-social à travers l’art.

Launy Dondo,
Glo.be
13 février 2018
© Christine Meert

Je suis arrivée à Medellin, au fin fond de la Colombie, à la fin des années 80, durant l’apogée des narcotrafiquants. Evidemment, ce n’était pas la période la plus sécurisée. Medellin à cette époque-là était déchirée par les cartels de la drogue. Dans le quartier ou je vivais toutes les personnes avaient perdu au moins un membre de leur famille à cause de la violence. Leurs conditions de vie étaient difficiles à cause de la pauvreté économique. Beaucoup de mes voisins avaient souffert de déplacement forcé de la campagne à la ville mais ils avaient une force de résilience extraordinaire. Les côtoyer, lier avec eux des liens d’amitié fut une véritable école de vie. J’ai pu m’imprégner du contexte et cela me fut fort utile pour mieux comprendre les enfants et les jeunes que j’allais être amenée à accompagner.

La pédagogie Steiner

Durant mes premières années en Colombie, j’ ai travaillé dans un centre de Don Bosco qui accueillait des enfants vivant dans la rue. Cette mission d’accompagnement fut un véritable défi car les enfants manquaient de concentration et étaient la plupart du temps drogués.

Cherchant à me former pour cette tâche, j’ai découvert la pédagogie Steiner. Il s’agissait d’un excellent outil pour favoriser une reconnaissance de l’enfant dans ses potentialités et le guider vers sa pleine expression. L’art sous toutes ses formes que ce soit à travers la peinture, la musique ou le dessin, joue un rôle majeur pour l’apprentissage et le développement de l’enfant. Ce dernier aura la possibilité d’acquérir des ressources créatives ainsi que le sens de l’initiative et des responsabilités avec un cycle spécifique adapté à son évolution tous les 7 ans.

Le résultat fut surprenant car ces mêmes enfants qui avaient une mauvaise image d’eux-mêmes commençaient à découvrir le trésor qu’ils avaient en eux et à créer de belles choses. J’ai continué à travailler avec d’autres organismes similaires à celui de Don Bosco, toujours avec des jeunes en situation de violence. J’ai également repris des études d’art plastique pour approfondir mes connaissances et développer ma fibre artistique.

© Christine Meert

© Christine Meert

L’ASBL Proyectarte

En 2010, en parallèle du travail en institution, j’ai co-créé avec 2 autres associées l’ ASBL Proyectarte avec pour mission de donner un appui psycho-social à travers l’art. Nous avons démarré un premier projet avec 400 jeunes d’institutions de protection et de différents quartiers particulièrement affectés par la violence. Aujourd’hui, nous continuons dans la même lignée. Nous accompagnons 400 enfants et jeunes de la zone périphérique de Medellin. Nous développons également deux projets pilote : l`un avec des jeunes qui ont fait partie de la guerrilla et l´autre à la campagne dans un village qui a été particulièrement affecté par le conflit armé.

L’impact de l’art sur les jeunes

En Colombie, la période post-guerre est difficile car les jeunes doivent se reconstruire autant extérieurement qu’intérieurement. S’exprimer à travers l’art peut représenter une alternative pour redonner un second souffle à leur vie malgré un contexte difficile. Grâce à cette pédagogie mêlant à la fois art et psychologie, j’ai pu accompagner des jeunes au travers de leur évolution, les voir ainsi se trouver et développer leur potentiel pour repartir sur de bonnes bases. Avec toute l’équipe, nous souhaitons continuer nos projets en ville et dans le secteur rural. Nous voulons également développer une stratégie de communication pour que les jeunes puissent diffuser des expériences positives et s’inspirer entre eux. Nous pensons par exemple rajouter une formation à la mémoire historique et une éducation à la paix pour que les jeunes puissent connaître leur histoire et éviter ainsi de la répéter.

Article paru dans Glo.be

Photo © Christine Meert